Un Noel d'anthologie
C’est vrai que je suis a 10’000 km de ma famille et de mes amis. Et je le sens d’autant plus en cette periode de Noel. Vous pouvez me croire, vous me manquez beaucoup. Quelqu’un a dit : “Quand on gagne quelque chose, on perd toujours quelque chose”. Voila donc pour ce que je perds.
Mais ce que je gagne est a la hauteur de la tristesse que je ressens parfois en etant loin de vous.
Et ces deux jours ont ete vraiment extraordinaires, un cadeau sans prix. Vous le savez deja, Noel est fete au Vietnam, et dignement meme. Je ne pourrais pas vous raconter tout ce que j’ai vecu ces deux jours mais je vais vous parler de l’essentiel.
Donc Maison Chance a decide de demenager 40 personnes 2 jours avant Noel (40 lits, 40 petites armoires en bois et autant en metal, 10 ventilateurs a reparer, …). Bien entendu, lorsqu’il s’agit d’aider je suis toujours la, quel que soit mon etat de fatigue, et le nombre de personnes valides est relativement restreint a Maison Chance.
Donc je suis arrive au soir du 24 a bout de fatigue et de nerfs (la rigueur organisationnelle suisse n’est pas vraiment arrivee ici). J’en avais presque marre et sentais deja tourner dans ma tete les mots “je hais Noel”.
Mais ensuite, nous avons fait la fete tous ensemble. D’abord avec Maison Chance, ensuite avec la famille de la copine d’un ami. Nous avons passe la journee suivante tous ensemble et avons continue la fete le 25 au soir pour finalement se quitter ce matin du 26. Les Vietnamiens ont un sens parfait de la fete et de l’hospitalite. Le 25, nous avons emprunte des tables a Maison Chance et nous sommes installes dans la rue derriere la maison pour boire un alcool local en mangeant un poulet succulant venant direct du jardin a la famille en campagne. A propos, le vin vietnamien est tres bon, on a bu un superbe Chardonnay du Dalat (qui est une region du Vietnam).
Ce qui m’a touche une fois de plus et que j’adore, c’est la question de “qui on invite”. Il y avait mon ami, sa copine, la famille de sa copine, son frere, les types qui vivent avec son frere et qui l’aident car il est au etudes, sa soeur, le voisin qui est aussi un ami (et qui a prete sa cuisine pour l’occasion) et quelques amis. Difficile d’exprimer ca mais tu peux inviter qui tu veux a partager ton repas et personne n’en sera derange. Au contraire, plus on est d’amis et plus on est heureux. Et si il n’y a plus de biere, quelqu’un aura toujours quelques sous pour racheter.
Je suis certain que si tu es seul ici, tu peux aller feter Noel chez ton voisin ou n’importe qui d’autre…
Il y a encore cette table d’inconnus, a meme la rue, qui t’arretent et t’offrent a boire au passage. C’est simple mais ca fait tellement de bien.
Je vous ai deja ecrit ce choc a vivre parmis de gens qui ne connaissent pas la notion de sphere privee. Pour des raisons economiques (autant que culturelles), les familles vivent ensemble, parfois a 4 ou 5 personnes dans la meme piece. Et vu qu’il fait chaud, tout est ouvert toujours. Pas de “dedans, a moi, chez moi”. Tout ce qui est dedans chez nous est dehors ici, y compris son “chez-soi”.
Bref, je pense avoir lache quelque chose ces jours. Et ce quelque chose, c’est une certaine rigidite de coeur, la sensation d’etre envahi quand on entre chez moi ou qu’on fume “mes” cigarettes, la peur de gener ou d’etre juge.
J’apprends tout doucement a ne plus etre seul, a vivre avec des gens, a partager, a ouvrir mon espace prive pour que plus d’amis puissent y entrer. Je crois que c’est exactement ce pourquoi je suis venu ici et ca passe par partager, offrir, aider et recevoir (humain, quoi!).
Il y a beaucoup de choses a faire au Vietnam, tout n’est pas rose et en particulier au niveau des droits de la personne (droit de la femme, de l’enfant, de la personne handicapee). Par contre, je trouve ici une part d’humanite, de fraternite, de contact simplement humain que je n’avais jamais vecu en Suisse (hors mis au squat des Draizes, en esperant qu’un de mes amis anciens squatteurs lisent cet article). J’etouffais dans une societe qui a tout sauf l’essentiel, a savoir les rapports humains. J’avais faim de cette nourriture-la et maintenant je revis…
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